La terre sigillée tardive d’Argonne

En Argonne, le répertoire de terre sigillée (TS) du Haut-Empire ne se distingue pas de celui du reste de la Gaule. Au Bas-Empire, au contraire, la typologie peut être distinguée et même appliquée au-delà de cette région, pour des productions tardives de Champagne et d’Île-de-France. Il faut noter que ce répertoire, caractéristique du IVe s. peut s’étendre au Ve s., période où la cuisson en mode A s’impose au détriment du mode C. Ces dernières productions entrent soit dans la catégorie des dérivées de terre sigillée (DTS), soit dans le groupe de pâte d’Argonne A (ARA).

Le répertoire

La terre sigillée tardive d’Argonne, ou du groupe Argonne, poursuit le répertoire du Haut-Empire, mais avec des variantes particulières, et quelques formes nouvelles peut-être apportées par le répertoire de la terre sigillée africaine ou orientale. Les formes fermées sont, quant à elles plus diversifiées qu’au Haut-Empire. Les décors imprimés à la molette ou peints à la barbotine blanche forment une caractéristique importante.

Si la première typologie est due à Unverzagt (1916), c’est G. Chenet qui a proposé cette typologie, qui a été complétée par R. Brulet. La numérotation de la typologie débute à 300 en référence au IVe s. et à 400 pour le Ve s. et les préfixes sont soit Chenet, soit Brulet.

Les décors à la molette

La terre sigillée argonnaise et ses dérivées peut porter des décors guillochés ou à la barbotine, soit en relief, soit en peinture blanche, mais le décor le plus fréquent et le plus caractéristique est imprimé à l’aide d’une molette. Ces molettes sont le plus souvent composés de casiers décorés distincts et plus rarement d’une frise continue. Les casiers comportent des motifs d’oves, de hachures, de globules, de compositions plus complexes ou même d’éléments figurés ou épigraphiques.

W. Hübener a proposé une classification simple et efficace ayant une portée chronologique ; les groupes 2, 3, 4 et 8 gardent une pertinence, mais les groupes 1, 5, 6 et 7 montrent des lacunes et des incohérences. R. Brulet et M. Feller offrent des groupes non numérotés, à partir des types de casiers (oves, hachures, etc.) et L. Bakker P. et van Ossel y ajoutent deux « familles » (9 et 10), celle comportant des inscriptions et celle des rinceaux. Ces derniers éditent actuellement un corpus des molettes.

Toute l’ambiguïté des molettes réside à la fois dans leur complexité et leur variété pour une classification typologique et à la fois dans leur simplicité pour une caractérisation individuelle.

C’est pourquoi à partir de ces principales références et dans une démarche quantitative, nous proposons une numérotation des groupes définis selon des motifs-clés et hiérarchisés (en rouge), sans que l’ordonnancement soit chronologique, bien qu’une tendance existe.

Dans ONICer, le mode de citation a la forme suivante: Chenet 320–M3a, 320–M5c

1. Oves

2. Petits carrés

3a. Hachures obliques

3b. Hachures horizontales et verticales

3c. Croisillons droits ou droits

3d. En épis

4. Croix de Saint-André

5a. Quatre globules

5b. Cinq globules

5c. Six globules

5d. Plus de six

6a. Motifs complexes

6b. Motifs irréguliers

7. Motifs courbes

8. Motifs chrétiens

9. Epigraphie

10. Frise

10a. Rinceaux

10b. Chevrons

Bibliographie (répertoire)

Brulet R., « La sigillée du Bas-Empire d’Argonne », dans Brulet, Vilvorder 2010, p. 216-253. 

Chenet G., La céramique gallo-romaine d’Argonne du IVe siècle et la terre sigillée décorée à la molette, Mâcon, 1941, 194 p.

Deru X., « Trépail, “Trou de la Baticaude” (Marne): un atelier tardif de terre sigillée et de nouvelles estampilles sur céramique belge », Revue du Nord-Archéologie, 94 (398), 2012, p. 143-166.

Unverzagt W., Die Keramik des Kastells Alzei, Francfort, 1916. (Materialien zur Römisch-Germanischen Keramik, 2)

van Ossel P., « Les sigillées du groupe Argonne dans le Bassin parisien au Bas-Empire. Caractérisation, production et diffusion », dans Les céramiques de l’Antiquité tardive en Île-de-France et dans le Bassin parisien. II. Synthèse, Nanterre, 2011, p. 231-254. (Document de travail, Dioecesis Galliarum, 9)

Bibliographie (molette)

Bakker L., Dijkman W., van Ossel P. et coll., « Le Corpus des décors à la molette sur céramique sigillée d’« Argonne » de l’Antiquité tardive : présentation, bilan et projet de publication », dans Actes du congrès de la Société française d’étude de la céramique antique en Gaule. Reims 2018, Marseille, 2018, p. 211-222.

Brulet R. (Dir.), La cathédrale Notre-Dame de Tournai. L’archéologie du site des monuments anciens,Namur, 2012, 4 vol. (Etudes et documents, Archéologie 28)

Brulet R., Feller M., « Recherches sur les ateliers de céramique gallo-romains en Argonne: 2. Le site de production d’Avocourt 3 (Prix-des-Blanches), zone fouillée », Archaeologia Mosellana, 5, 2003, p. 301-451.

Feller M., « Classification et datation des molettes d’Argonne : problèmes de méthodes », dans Actes du congrès de la Société française d’étude de la céramique antique en Gaule. Cognac 1991, Marseille, 1991, 161-169.

Hübener W., « Eine Studie zur spätrömischen Rädchensigillata », Bonner Jahrbücher, 168, 1968, p. 241-298.