GOMES Manuel
Description technique. Les récipients glaçurée à feu présentent les mêmes caractéristiques techniques que la catégorie générale des céramiques glaçurées (GL). Les fragments se distinguent néanmoins de cette dernière par deux critères : le répertoire et les macro-traces d’utilisation. L’un, l’autre ou les deux critères cumulés autorisent le classement d’un tesson dans cette catégorie.
Répertoire et fonctions. La céramique glaçurée à feu se distingue par un répertoire spécifiquement destiné à la cuisson des aliments : pots à cuire, marmites, jattes et poêlons, plats, poêles à frire, couvercles, lèchefrites, couvre-feux. Ces récipients peuvent être équipés d’anses (marmites, jattes, couvercles, couvre-feux), ou de manches (petites marmites, jattes, poêlons, poêles à frire). Le bas des récipients est rehaussé par des pieds obtenus par retrait pincé de matière (marmites, jattes, poêlons, poêles à frire) ou par l’ajout de petits boudins appliqués (marmites).
Macro-traces. L’exposition au feu culinaire laisse très régulièrement des traces sur les récipients. Les surfaces externes portent les stigmates de l’exposition aux fumées du foyer : les portions non glaçurées présentent des suies tenaces au lavage des tessons, les endroits glaçurés, des suies incrustées dans les micro craquelures de la glaçure, lui conférant un aspect noirci, voire fumé (vérifiable à la loupe binoculaire en cas de doute). La cassure fraîche de la paroi montre régulièrement un assombrissement ou une différence de couleur asymétrique de la fraction fine dans l’épaisseur de la pâte depuis l’extérieur de la paroi, causée par l’exposition répétée à un différentiel de chaleur. Enfin, la face interne ne présente généralement pas de traces de suies, la présence de caramels alimentaires est par ailleurs peu fréquente.
Registres décoratifs. Cette vaisselle éminemment utilitaire ne suscite généralement pas d’efforts décoratifs. Les récipients de grand module sont parfois équipés de boudins de renfort horizontaux aux points d’inflexion (i.e. de fragilité) des parois. Ces renforts garantissent l’intégrité du récipient à la cuisson et sa solidité à l’usage. Leur application se fait généralement par pressage digité sur le pourtour du récipient et ne doit pas être pris pour un registre décoratif modelé. L’application de la glaçure concerne pour l’essentiel les bords (points de contact avec les ustensiles de cuisine et les couvercles) et le fond interne des récipients. Cela renvoie à la même logique utilitaire : les applications localisées de glaçure répondent avant tout à des préoccupations liées à la durée de vie et à l’efficacité technique des récipients. Les surfaces glaçurées sont durcies, lissées et imperméabilisées, ce qui limite grandement l’incrustation des caramels alimentaires (facilité d’entretien, culottage) et la résilience mécanique de ces parties les plus sollicitées des récipients. Les glaçures teintées apparaissent au début du XVIIIe s. (GLF.bf ; GLF.mg) : le phénomène semble s’expliquer par une volonté de mimétisme impliquée par la démocratisation de la vaisselle culinaire métallique.
Typologie
La typologie mise à disposition sur Onicer est celle du matériel découvert lors des fouilles de la « Grand Place » de Tourcoing, qui sera publiée prochainement. Elle constitue un premier élément d’un projet plus vaste couvrant la vaisselle médiévale, moderne et contemporaine pour le Nord et le Pas-de-Calais. Ce premier versement est représentatif de la vaisselle glaçurée en usage dans la région lilloise entre le XIIIe et le début du XVIe s.
Elle est organisée en groupe morphologique : poêlon (PO), lèchefrite (LF), jatte. (J), marmite (M), pot (P), couvercle (CV). Les types sont ensuite numérotés. Le préfixe est Tourcoing : par exemple, Tourcoing M2.